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tions entre les hommes et les bêtes, ici, quelque chose de très impressionnant, grand et important, un produit des siècles de tranquillité et de gentillesse générale des hommes à l’égard des bêtes. Un signe certain, et qui ne peut pas tromper, de leur attitude moyenne, — malgré toutes les contradictions et inconséquences, comme la dureté et même cruauté des gens vis-à-vis du bétail qu’ils ne tuent pas, mais maltraitent tout vivant. Des choses qu’on ne s’explique pas. — Reste, pour l’ensemble et la moyenne, le témoignage des animaux eux-mêmes tel que l’Européen lui aussi peut le recueillir à chaque pas, étonné et un peu humilié de se sentir au bénéfice d’une confiance obtenue par une autre race que la sienne.

Ici, au bord de mon étang, je vis pour ainsi dire au milieu des petits bergers, gardeurs de chèvres, de vaches et de buffalos qui, à toutes les heures du jour, viennent abreuver et laver leur bétail. Voilà des mois que ça dure : jamais je n’ai vu ou entendu entre eux la moindre bataille, jamais un petit qu’un grand ferait crier ou pleurer ; cela arrive quelques fois, mais rarement aussi, chez les petites filles de P., plus civilisées.

Le jour de Pâques, j’ai été sur le chantier comme d’habitude. Je suis d’accord avec la plupart de nos amis, qu’en principe le travail continu, sans dimanche, tel que les Indiens le pratiquent est mauvais à tous égards. Cela devra être changé un jour, à l’avantage de tous, mais nous n’en sommes pas encore là. En ce qui nous concerne, nous en sommes plutôt, nous, à tâcher de sortir la brebis du puits où elle est en train de se noyer, ou de l’inondation où elle va être engloutie, et s’il le faut, l’opération se fait même le jour du sabbat, de Pâques ou de Vendredi saint… Techniquement, nous sommes dans un immense pétrin. Il y a de très grandes difficultés à transporter à pied d’œuvre, en restant