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non pas du noir qui rappelle les parapluies en coton, mais d’un noir soyeux, brillant et il a, comme certaines hirondelles, une queue avec deux grandes plumes recourbées en forme de lyre, mais, chez lui, la lyre est plus correctement bâtie. Il n’y manque que les cordes et elle serait prête pour accompagner quelque beau poème lamartinien mis en musique.

Au moment où je m’approche de lui à moins de huit mètres, cet oiseau poli, mais un peu distant, comme il convient à un « lamartinien » en habit de soie noire, change de piquet.

Je n’ai pas le temps de m’en formaliser, car, à ce même moment, apparaît au grand trot, à deux cents mètres, dans le champ Richardson qui nous borde à l’est, et tout près d’un groupe de paysans au labour, une grande antilope, plus grande que le bétail d’ici et fortement charpentée, un « Nilgai » solitaire qui traverse sans effroi le groupe de paysans, les vaches et les buffalos tout près de notre ruche en construction, et se dirige à vive allure vers la citerne de Sonathi où je le vois ensuite longtemps arrêté dans un champ.

Nous en avions aperçu un déjà peu de temps après notre arrivée à Sonathi, mais maintenant ils paraissent devenir très nombreux dans cette région. L’autre jour, c’était un troupeau d’une quinzaine, avec deux grands mâles gris, — les femelles ont le pelage brun, — que nous avons suivi longtemps avec l’excellente jumelle de Schenker. Ils paissaient tranquillement dans le marécage desséché où, il y a quelques semaines encore, des milliers de canards clapotaient à l’envi et s’envolaient tous ensemble avec un bruit de tonnerre. Maintenant le marécage est un champ fertile où les paysans labouraient justement à une cinquantaine de mètres du troupeau d’antilopes nullement inquiétées. Heureuses rela-