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Sonathi, semaine de Pâques, 19 au 21 avril 1935.

Une semaine après le vendredi de l’astrologue — le 12 avril dont j’ai parlé dans ma dernière lettre —, aujourd’hui, Vendredi saint 19 avril, les paysans sont revenus en nombre sur le terrain pour commencer les murailles des maisons. Du reste, le magicien continue à officier.

C’est un beau, gai et relativement frais matin, une quarantaine de villageois marquent et creusent les fondements de leurs épaisses murailles de terre : 75 centimètres à la base, ce qui enlève bien de la place à l’intérieur et augmente sérieusement la surface à couvrir par le toit. Des manœuvres, à la tâche, creusent le puits No 1, d’autres font un nouveau trou dans l’espace réservé à notre future citerne pour y prendre la terre et, au fond (à 15 pieds de profondeur), l’eau nécessaire pour faire la boue de leur maison. Des chariots attelés de « bullocks » transportent la terre jusqu’aux maisons situées à distance de la citerne. Quarante villageois, ce n’est encore qu’un petit commencement, mais ce matin on sent dans l’air quelque chose de spécial, le travail fait gaiement, par des gens réunis en groupes, réalisant enfin que tout en aidant le voisin, ils travaillent aussi pour eux-mêmes. L’éducation de la solidarité doit commencer très bas, à un endroit où l’homme aperçoit encore facilement et directement son propre intérêt ; il faut un bien long exercice, une longue pratique pour se donner en plein, et sans calcul, à une action généreuse, sachant qu’au bout du compte il n’y a pas de différence essentielle entre son intérêt personnel et celui des autres.

Le magicien-astrologue, au chef d’ivoire jaune, tout bran-