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deste de 2 m 40, avec, de chaque côté, un fossé de 60 centimètres de large. Au nord, les rues et avenues rejoignent la rue de la Digue par des plans inclinés et redescendent de l’autre côté à l’extérieur du village.

Dans la citerne nord d’où nous avons tiré la terre de la digue, les ouvriers emploient maintenant la terre pour mouler nos briques. Du moule, chacune reçoit l’empreinte distinctive I. V. S. P. (International Voluntary Service for Peace). Ces briques ainsi marquées me remplissent — et pas moi seulement — d’une satisfaction naïve, comme celle que j’éprouvais devant mon pantalon bleu ou celle de voir son nom imprimé pour la première fois. Mais ici l’empreinte est sur briques ! Nous nous insérons, ici aux Indes, parmi les briques illustres de l’histoire de la civilisation, les briques de Ninive, de Babylone !

Les ouvriers en ont fait maintenant trente-cinq mille, il nous en faut encore trois fois autant. Ils ne savent pas compter et doivent s’en remettre à nous pour savoir si le compte y est. C’est une opération embarrassante même pour des mathématiciens, toujours fort ennuyés quand il s’agit de passer de « n » à un chiffre défini.

Au milieu du village on a commencé à creuser une seconde citerne qui doit être plus grande que la citerne nord pour fournir la terre et l’eau aux maisons en adobé. Tout près, au milieu du village, nous aurons un jardin avec arbres fruitiers, réservé pour la jouissance.

Peu à peu, grâce à l’arrivée des matériaux amenés de Damoutschak, le terrain commence à prendre l’aspect d’un village. Tas de tuiles, immenses toits de chaume démontés, rangés provisoirement le long de la route. Un volontaire et quelques paysans campent jour et nuit sur le terrain pour faire la garde et décharger notre camion et les chariots à