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Pour le reste, adressez-vous à mon voisin ou à mon voisin d’en face ou à un autre : ils vous donneront leur théorie sur la littérature de demain. Moi, je ne tiens pas de théories dans ma boutique. » Et sous tous ces sarcasmes, moqueurs à la bonne façon plutôt qu’amers, j’entendais résonner ces fières paroles : je ne sais qu’une chose : je suis dans la bonne voie.


UNE IMPRESSION


J’avoue qu’au premier instant je me sentis assez dépaysé en entrant dans la salle où étaient exposés les tableaux de Claude Monet. J’y étais venu sur une invitation générale du peintre, que je pouvais considérer un peu comme une invitation personnelle : et mon premier mouvement fut de m’en aller, aussitôt arrivé. Ces couleurs voyantes, ces lignes zigzagantes, bleues, jaunes, vertes, rouges et brunes, qui dansaient une sarabande folle sur les toiles firent violence à mes yeux habitués aux grisailles de la peinture nationale.

La salle était encore vide. J’eus donc le temps de réfléchir et de choisir à mon aise une place qui me permît de bien voir. Il y avait là quinze tableaux représentant tous la même meule prise à des heures différentes du jour et aux différentes