Page:Byron - Le vampire, trad Faber, 1819.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LE VAMPIRE.

jusqu’à ce que ses jambes se refusant presque à le soutenir, il se vit obligé de prendre le bras d’un ami, et, se frayant un chemin à travers la foule, il se jeta dans sa voiture. Rentré chez lui, il arpentait son appartement à pas précipités, et portait ses mains sur sa tête, comme s’il eût craint que la faculté de penser ne s’en échappât sans retour. Lord Ruthven était toujours devant ses yeux : les circonstances se combinaient dans sa tête dans un ordre désespérant ; le poignard, son serment… Honteux de lui-même et de sa crédulité, il cherchait à secouer ses esprits abattus, et à se persuader que ce qu’il avait vu ne pouvait exister : un mort sortir du tombeau ! son imagination seule avait sans doute évoqué du sépulcre l’image de l’homme qui occupait incessamment son esprit : enfin, il en vint à se convaincre que cette vision était certainement sans réalité. Quoi qu’il en pût être, il se décida à retourner encore dans la société ; car, quoiqu’il essayât vingt fois de questionner ceux qui l’entouraient, sur lord Ruthven, ce nom fatal restait toujours suspendu sur