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LE VAMPIRE.

gleterre ; il se hâta de se rendre à l’antique manoir de ses pères, et y parut pour quelque temps perdre dans les tendres embrassements de sa sœur, le souvenir du passé : si jadis ses caresses enfantines l’avaient vivement intéressé, maintenant qu’elle avait atteint sa dix-huitième année, ses manières avaient acquis avec l’âge une nuance plus douce et encore plus attachante.

Miss Aubrey n’avait pas cette grâce brillante qui captive l’admiration et l’applaudissement d’un cercle nombreux. Il n’y avait rien dans sa contenance de cette teinte animée qui n’existe que dans l’atmosphère échauffée d’un salon tumultueux. Son grand œil bleu n’était jamais visité par cette gaîté insouciante qui n’appartient qu’à la légèreté d’esprit ; mais il respirait cette langueur mélancolique, qui provient moins de l’infortune que d’une âme religieusement empreinte de l’attente d’une vie future, et plus solide que notre existence éphémère. Elle n’avait pas cette démarche aérienne qu’un papillon, une fleur, un rien suffit pour mettre en mouvement. Son maintien était calme et