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LE VAMPIRE.

singulière, cette même variété de couleurs qui ornaient le manche du poignard et le fourreau, et plus que tout cela encore, quelques gouttes de sang empreintes sur l’un et sur l’autre, détruisaient toute possibilité d’un doute. Il quitta Smyrne, et en passant par Rome, son premier soin fut de recueillir quelques informations sur le sort de la jeune personne qu’il avait essayé de sauver de la séduction de lord Ruthven. Ses parents, d’une brillante fortune, étaient tombés maintenant dans une extrême détresse, et on ne savait ce que leur fille elle-même était devenue depuis le départ de son amant. Il n’eut que trop lieu de craindre que la jeune Romaine n’eût succombé victime du destructeur d’Ianthe.

Tant d’horreurs réitérées avaient enfin désolé le cœur d’Aubrey. Il devint hypocondre et silencieux : son unique soin était d’accélérer la marche des postillons, comme s’il s’agissait d’aller sauver la vie de quelqu’un qui lui fût cher. Bientôt il arriva à Calais ; une brise, qui semblait obéir à ses désirs, le porta promptement à la côte d’An-