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LE VAMPIRE.

ses parents l’avait, encore enfant, laissé orphelin, avec une sœur et de grands biens. Ses tuteurs, occupés exclusivement au soin de sa fortune, l’abandonnèrent à lui-même, ou du moins remirent la charge plus importante de former son esprits, à des mercenaires subalternes. Le jeune Aubrey songea plus à cultiver son imagination que son jugement. De là, il prit ces notions romantiques d’honneur et de candeur qui perdent tant de jeunes écervelés. Il croyait que le cœur humain sympathise naturellement à la vertu, et que le vice n’a été jeté ça et là, par la Providence, que pour varier l’effet pittoresque de la scène : il croyait que la misère d’une chaumière n’était qu’idéale, les vêtements du paysan étant aussi chauds que ceux de l’homme voluptueux ; mais mieux adaptés à l’œil du peintre, par leurs plis irréguliers et leurs morceaux de diverses couleurs, pour représenter les souffrances du pauvre. Enfin, il croyait qu’on devait chercher les réalités de la vie dans les rêves singuliers et brillants des poëtes. Il était beau, sincère et riche : par tous ces motifs, dès