Page:Byron - Le vampire, trad Faber, 1819.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
LE VAMPIRE.

respect ne pouvaient se rendre compte d’où elle provenait. Quelques-unes, cependant, l’attribuaient à son œil d’un gris mort que, lorsqu’il se fixait sur les traits d’une personne, semblait ne pas pénétrer, au fond des replis du cœur, mais plutôt paraissait tomber sur la joue comme un rayon de plomb qui pesait sur la peau sans pouvoir la traverser. Son originalité le faisait inviter partout : chacun désirait le voir, et tous ceux qui avaient été longtemps habitués aux violentes émotions, mais à qui la satiété faisait sentir enfin le poids de l’ennui, se félicitaient de rencontrer quelque chose capable de réveiller leur attention languissante. Sa figure était régulièrement belle, nonobstant le teint sépulcral qui régnait sur ses traits, et que jamais ne venait animer cette aimable rougeur fruit de la modestie, ou des fortes émotions qu’engendrent les passions. Ces femmes à la mode avides d’une célébrité déshonorante, se disputèrent, à l’envi, sa conquête, et à qui du moins obtiendrait de lui quelque marque de ce qu’elles appellent penchant. Lady Mercer qui, depuis son