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26. Pendant quelque tems, Don José et Donna Inès menèrent un triste genre de vie, se souhaitant mutuellement non le divorce, mais la mort. Comme époux et femme, ils sauvaient les apparences ; leur conduite était excessivement mesurée, et nul signe extérieur n’attestait les débats intérieurs, jusqu’à ce qu’enfin le feu cessa de couver, et toute l’affaire fut mise hors de doute.

27. Inès appela quelques droguistes et médecins, et voulut faire déclarer fou son cher mari ; mais comme il avait quelques intervalles lucides, elle finit par décider qu’il n’était que mauvais époux. Encore, lorsqu’on voulut recueillir ses dépositions, ne donna-t-elle aucun éclaircissement, si ce n’est que ses devoirs envers Dieu et les hommes exigeaient d’elle cette conduite : ce qui parut fort singulier[1].

28. Elle tint un journal où furent notées toutes ses fautes ; elle ouvrit certains coffres de livres et de lettres, toutes choses que l’on pouvait avoir occasion de citer : alors elle se fit des partisans de tout Séville, sans compter sa bonne vieille grand’mère (qui radotait)[2]. Les auditeurs de son histoire en devinrent ensuite les échos ; puis accoururent avocats,

  1. « Je fus surpris de voir entrer chez moi, un jour, un médecin et un procureur qui avaient forcé ma porte… Si j’avais pu soupçonner qu’on les avait envoyés pour constater que j’étais devenu fou… » (Les Conversations.)
  2. « Sa mère m’a toujours détesté. » (Ibid.)