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19. C’était un mortel d’un naturel insouciant, peu curieux du savoir et des savans, allant toujours où l’appelait son inclination, et ne songeant pas que sa dame pût s’en inquiéter. Le monde, comme c’est l’usage, toujours méchamment disposé à voir un royaume ou un ménage bouleversés, murmurait qu’il avait une maîtresse ; quelques-uns en comptaient deux : mais pour les querelles domestiques une seule pouvait suffire.

20. Or, Donna Inès, avec tout son mérite, avait une haute opinion de tout ce qu’elle valait ; et certes, pour supporter l’abandon, il faudrait une sainte. Inès l’était bien dans son système de conduite, mais elle avait un diable d’esprit : quelquefois elle mêlait à la réalité ses propres illusions, et elle laissa passer peu d’occasions de faire tomber dans le piége son légitime seigneur.

21. C’était une chose facile avec un homme souvent dans son tort et jamais sur ses gardes : même les plus sages, quelle que soit leur vertu, ont des momens, des heures, des jours si malencontreux, que vous pourriez les abattre avec l’éventail de leurs femmes ; souvent aussi les dames frappent trop fort, et l’éventail, sous leurs jolies mains, s’effile en lame de couteau. Comment et pourquoi ? on ne le sait jamais bien.

22. C’est pitié que des doctes vierges se marient avec des personnes sans instruction, ou qui, malgré leur bonne famille et leur éducation, restent au-