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10. Sa mère était une dame savante, fameuse par ses connaissances dans toutes les branches de sciences qui ont un nom dans les idiomes chrétiens. Ses vertus seules pouvaient égaler son esprit ; elle surprenait les plus habiles, et les gens de bien eux-mêmes ressentaient une secrète envie en voyant ses bonnes œuvres surpasser en tout genre les leurs.

11. Sa mémoire était une mine ; elle savait par cœur tout Caldéron, et la plus grande partie de Lopez : si quelque acteur eût oublié son rôle, elle aurait pu lui tenir lieu du livre du souffleur. Pour elle l’art de Feinaigle[1] aurait été inutile, et elle l’eût obligé de fermer sa classe. — Il n’eût jamais formé une mémoire aussi belle que celle qui ornait le cerveau de Donna Inès.

12. Sa science favorite était celle des mathématiques ; sa plus belle vertu était la magnanimité : son esprit (elle visait quelquefois à l’esprit) était tout attique, ses paroles graves se perdaient dans le sublime ; enfin, sur tous les points, c’était bien ce que j’appelle un prodige. — Sa robe du matin était de basin, celle du soir était de soie, ou en été de mousseline, et autres tissus desquels je ne veux pas m’embarrasser davantage.

  1. Inventeur de la mnémotechnique.