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sa marche au bruit lointain de la cloche des vêpres, qui semble déplorer le déclin du jour mourant[1] ? — Est-ce là une illusion que doive repousser notre raison ? Non, non ! rien n’expire sans que dans le monde quelque chose ne pleure.

109. Quand Néron périt par la sentence la plus juste qui jamais ait détruit un destructeur, au milieu des acclamations bruyantes de Rome délivrée, des nations affranchies et du monde enchanté, quelques mains cachées allèrent répandre des fleurs sur sa tombe[2]. Peut-être ces derniers honneurs attestaient-ils la reconnaissance d’un bienfait rendu par

  1. Cette idée admirable n’est pas du siècle de Byron ; elle est traduite de Dante : c’est le début du chant VIII, Purgatorio.

    Era gia l’ora che volge’l disio,
    A naviganti e’ntenerisce il cuore
    Lo di ch’han detto a’dolci amici addio ;
    E che lo nuovo. Peregrin d’amore
    Punge, se ode squilla di lontano
    Che paja’l giorno pianger che si muore.

    Avant Byron, Gray avait, mais sans le dire, emprunté à Dante la même idée dans son Cimetière de campagne.

  2. « Et tamen non defuerunt qui per longum tempus vernis œstivisque floribus tumulum ejus ornarent. » (Suétone, Vie de Néron.) Malheureusement l’historien laisse ensuite deviner que ce n’était pas le regret de sa mort qui portait quelques Romains à honorer ainsi sa mémoire ; mais la crainte qu’il ne fût pas réellement mort, et qu’il ne revînt un jour se venger de ses ennemis : l’Église elle-même a long-tems partagé cette opinion. Jean Chrysostôme regardait Néron comme l’Anté-christ, et Augustin n’était pas éloigné de se ranger du même avis. Vingt ans après la mort de Néron, on craignait encore son retour. (Voyez Sulpitius Severus, Dialog. II. — Augustinus, de Civit. Dei, lib. XX.)