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lui arrache le cœur et le donne à dévorer à ses chiens. Nastagio apprend que cette infortunée était, pendant sa vie, une ingrate, et qu’en punition de sa froideur, son ancien amant la poursuit dans ce lieu tous les vendredis. Il s’empresse alors d’inviter à une fête la famille des Traversari pour le vendredi suivant, et tandis qu’ils sont à table sous les pins de la forêt, le bruit de la chasse infernale se fait entendre ; le fantôme recommence le même récit, et la tremblante Traversaro, troublée elle-même, s’empresse d’offrir à Nastagio son amour, ses faveurs et sa main. « Cette peur, dit le conteur en terminant, ne fut seulement occasion de ce bien : ains elle fut cause que toutes les femmes de Ravenne en devindrent si paoureuses, qu’elles ont tousjours esté, depuis, plus complaisantes aux voulentés des hommes qu’elles n’avoient esté auparavant. »

(Anc. traduct. de M. Anthoine le Maçon.)</ref>.

107. O Hespérus[1] ! tu donnes toutes les bonnes choses : — à l’homme harassé, sa maison ; un repas à celui qui a faim ; au jeune oiseau l’aile providente de sa mère ; au bœuf chargé son étable désirée. Tout le charme paisible qui se rattache à nos foyers, tout ce que nos dieux domestiques nous rappellent de cher se rassemble autour de nous à ton premier regard : c’est encore toi qui élèves l’enfant jusqu’aux mamelles de sa mère.

108. Heure suave ! qui fais naître les regrets et attendris le cœur de ceux qui traversent les mers, quand ce jour-là ils ont dit adieu à leurs doux amis ; ou qui enivres d’amour le pélerin, quand il interrompt

  1. Εσπερε, παντα φερεις, φερεις οινον, φερεις αιγα, φερεις ματερι παιδα. (Fragment de Sapho.) Autrefois nous nous servions du mot vespres pour exprimer cette heure du jour qui précède le soir. On doit regretter que l’usage en soit perdu.