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publique : — mais à mon sujet. — Voyons, — de quoi s’agissait-il ? Ah ! — le chant troisième, — le charmant couple, — leurs amours, leurs fêtes, leur maison, leur costume, en un mot, le genre de vie qu’ils menaient dans leur île.

82. Leur poète, pauvre diable, mais du reste fort amusant en compagnie, avait été jadis le favori de plus d’une coterie ; quand il était à moitié ivre il haranguait ses auditeurs, et bien qu’ils fussent rarement en état d’apprécier ses paroles, ils ne manquaient pas de lui accorder, en vomissant et en mugissant, ces applaudissemens populaires dont jamais la première ne connaît la seconde cause[1].

83. Mais en ce moment, hissé dans la haute société, et ayant recueilli de ses voyages quelques bribes éparses çà et là de pensées libérales, il calculait si, pour varier un peu, il ne pourrait pas, dans une île isolée, au milieu de ses amis, et sans avoir à craindre d’exciter à la sédition, abjurer pour un instant ses mensonges prolongés, et conclure avec la vérité un léger armistice, en chantant comme il avait chanté dans son ardente jeunesse.

84. Il avait voyagé parmi les Arabes, les Turcs et les Francs, et connaissait le point d’honneur des nations diverses ; comme il avait fréquenté toutes les classes d’hommes, nulle occasion ne trouvait sa verve en défaut : — ce qui lui valut quelques présens et quelques

  1. C’est-à-dire, dont celui qui les excite ne connaît jamais celui qui les donne.