Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

73. Les ondes de ses longs et bruns cheveux tombaient jusqu’à ses pieds, semblables au torrent des Alpes sur lequel vient glisser la lumière matinale du soleil ; — s’ils n’avaient pas été enfermés, ils auraient pu voiler entièrement sa personne ; on eût dit qu’ils s’indignaient de se sentir comprimés dans la courbe soyeuse d’un filet, et dès qu’un zéphir venait offrir à Haidée son aile pour éventail, ils tentaient de rompre leur transparente étreinte.

74. Elle répandait autour d’elle une atmosphère de vie, et ses yeux semblaient donner à l’air lui-même plus de légèreté. Ils étaient si doux ! si beaux ! ils justifiaient tout ce que nous pourrions jamais imaginer des cieux ; purs comme ceux de Psyché, avant qu’elle n’eût perdu sa virginité, — trop purs même pour les nœuds terrestres les plus purs. En la voyant, on ne pouvait croire qu’il y eût de l’idolâtrie à s’agenouiller devant elle.

75. Ses cils, noirs comme la nuit, étaient cependant teints, mais c’était vainement ; car les franges de ses grands yeux noirs n’en conservaient pas moins leur beauté naturelle, et même opposaient leur éclat primitif au jais artificiel qui les recouvrait. Ses ongles avaient été touchés avec l’henna[1] ; mais encore ici, les efforts de l’art étaient inutiles, il ne pouvait rien ajouter à leur nuance rosée.

  1. « Les femmes turques et grecques couvrent ordinairement leurs yeux d’une teinture noire qui, à quelque distance, ou bien aux lumières, ajoute beaucoup à leur vivacité. Je pense même que nos dames seraient enchantées de connaître ce secret ; mais, dans le jour, l’artifice est trop visible. Elles colorent aussi en rose leurs ongles ; mais j’avoue que je ne suis pas assez faite à cette mode pour la trouver gracieuse. » (Lettre de Lady Montague à la comtesse de Mare.)