Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée

de belles sentences persanes, tirées des poètes et des moralistes les plus estimés.

65. Ces inscriptions orientales, placées si communément dans ces contrées sur les murs, sont une espèce de moniteurs chargés de rappeler à l’esprit, comme les crânes des banquets de Memphis, les mots qui déconcertèrent Balthasar dans son palais, et qui lui enlevèrent son royaume[1]. Mais les sages auront beau prodiguer les trésors de leurs sentences, vous sentirez toujours qu’il est un moraliste plus sévère encore : c’est le plaisir.

66. Une beauté devenue étique à la fin de l’hiver ; un grand génie qui trouve la mort au fond d’un verre ; un roué transformé tout d’un coup en méthodistique ou éclectique — (c’est le nom sous lequel ils aiment maintenant à dire des prières), mais surtout un alderman frappé d’apoplexie, sont des exemples qui réellement confondent l’esprit, et prouvent bien que les trop longues veilles, le vin et l’amour, ont des résultats aussi funestes que les excès de table.

67. Haidée et Juan posaient leurs pieds sur un tapis de satin cramoisi, bordé d’un bleu pâle. Leur

  1. « Balthasar donnait à ses grands, au nombre de mille, un grand festin, et chacun buvait suivant son âge… Le roi, les seigneurs, les femmes et les concubines buvaient le vin, et louaient leurs dieux d’or, d’argent, d’airain, de fer, de bois et de pierre. « Soudain apparurent des doigts… écrivant contre le candélabre, sur la surface du mur de la salle royale, et le roi regardait les mouvemens de la main qui écrivait ; sa face changea, et ses pensées la troublèrent, etc. » (Daniel, ch. V.)