Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

55. Mais un reste de l’ancien esprit de la Grèce répandait encore quelques rayons héroïques dans son ame, comme jadis dans celle des conquérans de la toison d’or, au tems de la Colchide. Il est vrai que sa passion pour la paix n’était pas très-ardente ; — mais hélas ! sa patrie n’offrait aucun espoir d’illustration, et c’était la rage de la voir asservie qui l’avait porté à haïr l’univers et à combattre toutes les nations.

56. L’influence du climat avait aussi donné à son esprit une certaine élégance ionienne dont souvent, sans qu’il s’en doutât, il laissait deviner l’influence. — Le meilleur goût avait présidé au choix de sa résidence ; il aimait la musique, il admirait les scènes sublimes de la nature, et c’était en entendant un petit ruisseau tomber devant lui en nappes de cristal, c’était en contemplant la beauté des fleurs, qu’il charmait son esprit dans les heures de calme.

57. Mais tout ce qu’il avait de tendresse reposait sur sa fille ; elle seule, au milieu des scènes furieuses dont il avait été l’auteur ou le spectateur, avait conservé de l’empire sur son cœur. L’affection qu’il avait pour elle était pure, isolée et sans partage. En perdant ce sentiment, il eût perdu ce qui lui restait encore de tendresse pour l’humanité, et le nouveau Cyclope serait tombé dans le plus furieux aveuglement.

58. La tigresse à laquelle on a ravi ses petits, épouvante, dans sa furie, le berger et le troupeau ; l’Océan, quand il soulève ses vagues irritées, brise souvent