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34. Plus loin, un bouffon d’une taille de nain racontait devant un cercle paisible de vieux fumeurs maintes histoires sur les trésors secrets trouvés dans un vallon écarté ; les merveilleuses reparties des jongleurs arabes ; les charmes nécessaires pour faire l’or pur et guérir les morsures venimeuses ; les rochers enchantés qui s’ouvrent quand on les touche ; et enfin (mais cela était bien réel) les dames magiciennes qui, d’un seul coup, changent leurs époux en bêtes.

35. Il ne manquait aucun des plaisirs innocens qui peuvent flatter l’imagination ou les sens. Le chant, la danse, le vin, la musique, les histoires persanes, tout offrait d’agréables et inoffensifs passe-tems : mais Lambro ne put sans déplaisir voir ces choses ; il songeait aux dépenses qu’on avait faites pendant son absence, et prévoyait le comble de tous les malheurs, l’inutilité de ses dispositions testamentaires.

36. Hélas ! qu’est-ce que l’homme ! à quels périls sont encore exposés les plus heureux mortels, même après leur dîner ! — Un jour d’or pour un siècle de fer, voilà tout ce que le mieux partagé des réprouvés peut espérer dans cette vie ; le plaisir (du moins quand il chante) est une sirène qui séduit les jeunes imprudens, pour ensuite les écorcher tout vivans. En accueillant Lambro au milieu d’eux, les convives s’exposaient au sort de la flamme que vient toucher une couverture mouillée.

37. Lui qui n’avait guère l’habitude de prodiguer ses paroles, et qui