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à dîner : la vue était délectée par des pilaus[1] et des mets de toute espèce, des flacons de vins de Samos et de Chio, des sorbets tenus au frais dans des vases poreux. Au-dessus d’eux se montraient sur leurs tiges les fruits de dessert ; les oranges parfumées et les succulentes grenades, balancées au-dessus de leurs fronts, n’attendaient que le plus léger toucher pour descendre sur leurs genoux.

32. Ici, une bande d’enfans se pressait autour d’un bélier blanc comme la neige, et couronnait de fleurs ses vénérables cornes ; paisible comme l’agneau qui vient de naître, le patriarche du troupeau courbe obligeamment sa tête grave et apprivoisée. Tantôt il accepte les palmes qu’on lui présente à manger, tantôt il baisse en jouant son front comme pour frapper ceux qui l’entourent, puis aussitôt il recule comme dompté par leurs faibles mains.

33. Un profil d’une pureté classique, des vêtemens pleins d’éclat, de grands yeux noirs, des joues d’une fraîcheur angélique et rosées comme des grenades entr’ouvertes, des cheveux longs, des gestes enchanteurs, des yeux parlans, et cette innocence, apanage heureux de l’enfance, tel était le tableau exact que formaient ces petits Grecs : à cette vue le philosophe ne pouvait s’empêcher de soupirer, en pensant qu’un jour ils deviendraient des hommes.

  1. Le pilau est un plat de riz que les orientaux mangent avec leurs mets : il remplace à peu près, chez eux, notre pain.