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transports d’amour chez les uns, quels mouvemens de crainte chez les autres ! tous les sentimens que les années avaient fait évanouir viennent alors en foule sur nos cœurs reprendre leur ancienne place.

22. Mais c’est surtout aux pères et aux maris que l’approche de la maison, après une longue traversée sur terre ou sur mer, doit naturellement présenter des sujets d’inquiétudes. — Une famille de dames n’est pas une petite affaire (personne plus que moi n’estime ou n’admire le beau sexe ; mais il hait la flatterie, et je ne l’emploierai pas) : quelquefois les filles, en l’absence du père, descendent avec le sommelier à la cave, tandis que les épouses montent de leur côté au grenier.

23. Le plus honnête gentilhomme du monde peut fort bien n’avoir pas à son retour le bonheur d’Ulysse ; toutes les matrones isolées ne regrettent pas leurs maris, toutes n’ont pas la même répugnance pour les baisers des prétendans : le pis, c’est quand il retrouve une belle urne consacrée à sa mémoire ; deux ou trois jouvencelles, enfans d’un ami qui retient sa femme et sa fortune, et Argus, son chien lui-même, qui vient lui mordre — les jambes.

24. S’il est encore célibataire, il retrouvera sa belle fiancée devenue pendant son absence l’épouse de quelque riche avare ; mais alors rien de mieux. L’heureux couple ne sera pas toujours d’accord, et la dame, devenant plus sage, pourra lui permettre, sous le titre de cavalier sirvente, de reprendre ses