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10. Les deux seuls auteurs qui aient jamais, si je m’en souviens bien, chanté le ciel, l’enfer ou le mariage, sont Dante et Milton. Tous deux virent dans le mariage leur tendresse déçue ; soit par leur faute, soit par l’effet de quelque différence de tempérament (pour troubler une union il faut si peu de chose !) : mais vous pensez bien que la Béatrice de Dante et l’Ève de Milton n’étaient nullement dessinées d’après leurs femmes.

11. Quelques personnes disent que Dante a désigné sous le nom de Béatrice la théologie, et non pas une maîtresse. — Pour moi, tout en demandant l’approbation des autres, il me semble que c’est là une rêverie de commentateur, qui a besoin d’être prouvée par des faits irrécusables, et je crois que les abstractions les plus extatiques de Dante ne tendent à autre chose qu’à personnifier les mathématiques[1].

12. Haidée et Juan n’étaient pas mariés, mais aussi le péché les regarde, non pas moi ; et vous auriez, chaste lecteur, mauvaise grâce à m’en blâmer, si réellement vous ne souhaitiez pas qu’ils le fussent. Si vous les voulez mariés, je vous conseille de fermer le livre consacré à ce couple égaré, avant que les conséquences de leur faute ne deviennent

  1. Ce qui paraît le plus probable, pour parler sérieusement, c’est que Dante, après avoir aimé long-tems Bice ou Béatrice Portinari, se servit d’un nom dont le souvenir lui était cher, pour peindre, dans ses chants, l’amour divin et la sagesse.