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statue dans sa niche, ainsi, quand nous accordons la même sorte d’idolâtrie à quelque objet réel, ce n’est encore qu’un hommage rendu au beau idéal.

212. Ce n’est que la perception de la beauté, le développement noble de nos facultés, un mouvement platonique, universel, admirable, tombé des étoiles, filtré du haut des cieux, sans lequel la vie ne serait pas supportable : en un mot, c’est l’usage de nos propres yeux, et, de plus, celui d’un petit sens ou deux, qui témoignent assez que notre chair est pétrie d’une brûlante poussière.

213. C’est pourtant un sentiment pénible et involontaire ; car, si nous pouvions toujours trouver dans une seule femme les grâces séduisantes qui nous enchantèrent quand elle se présenta la première fois à nous, comme une autre Ève, nous aurions certainement moins de tourmens et plus de schellings (puisqu’il faut vaincre leurs rigueurs, ou bien souffrir). D’ailleurs, si l’on pouvait toujours aimer une seule dame, quelles délices pour le cœur, en même tems que pour le foie.

214. Le cœur est, comme le firmament, une partie des cieux ; mais aussi, comme le firmament, il change nuit et jour : il peut être surchargé d’orages et d’éclairs, et ne présenter que l’image de la destruction et de l’horreur ; mais quand il a bien été déchiré, rongé, brisé, sa tourmente expire en gouttes d’eau ; car les larmes qui s’échappent des yeux ne sont