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rendait chaque jour visite à son protégé. Elle usa de tant de sages précautions que personne ne l’avait découvert dans la grotte qu’il habitait. À la fin, les bâtimens du père mirent à la voile ; non pas dans l’intention d’enlever quelque nouvelle Io, mais bien trois vaisseaux marchands, allant de Raguse à Scio.

175. Ainsi, Haidée se trouvait libre, car elle n’avait pas de mère, et son père étant en voyage, la laissait jouir de la liberté d’une femme mariée ou de telle femme qui peut sans obstacle aimer qui lui plaît. N’ayant pas même l’embarras d’un frère, elle était la plus libre de toutes celles qui jamais jetèrent les yeux sur une glace. J’entends ici parler des pays chrétiens, où les femmes du moins sont rarement mises en surveillance.

176. Elle prolongea ses visites et ses entretiens (ils étaient parvenus à s’entendre), et il en savait même assez pour proposer une promenade. — Il avait peu marché depuis le jour où, tel qu’une jeune fleur arrachée de sa tige, il avait été jeté sur la baie, mouillé et évanoui. — Ils se promenèrent dans l’après-midi, tandis que le soleil disparaissait, et que la lune s’élançait à l’extrémité opposée.

177. C’était une côte aride et rompue qui, d’un côté, offrait des montagnes escarpées, et de l’autre, un rivage couvert de sable et gardé comme par une armée, par des rochers et des bas-fonds ; on apercevait çà et là quelques langues de terre dont l’aspect était moins redoutable pour les malheureux