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mais j’ignore quel est au ciel celui qui se charge de les envoyer ; — c’est Neptune, Pan ou Jupiter peut-être.

171. Lorsque Juan se réveillait, il trouvait toujours devant lui quelques bonnes choses ; un bain, un déjeuner et les plus beaux yeux qui firent jamais palpiter un jeune cœur ; de plus ceux de la suivante, fort jolis dans leur genre : mais j’ai déjà parlé de tout cela, — et les répétitions sont ennuyeuses. — Eh bien, Juan, après s’être baigné dans la mer, revenait toujours fidèlement au café et à Haidée.

172. L’une avait tant d’innocence, l’une et l’autre tant de jeunesse, que le bain ne les faisait pas rougir. Juan, aux yeux d’Haidée, était l’un de ces êtres qu’elle voyait la nuit dans ses rêves depuis deux ans ; une certaine chose destinée à être aimée, un objet fait pour la rendre heureuse et pour recevoir d’elle son bonheur ; pour sentir la félicité il faut trouver à la partager, et les plaisirs sont nés jumeaux.

173. Il y avait tant de charme à le regarder, tant d’extension de vie à tout partager avec lui, à frémir sous son toucher, à le voir endormi, à le contempler à son réveil ! Vivre toujours avec lui, c’est à quoi elle n’osait penser, mais l’idée d’une séparation la faisait frissonner : car c’était son bien, un océan de trésors tombé entre ses mains par l’effet d’un naufrage ; — son premier amour, hélas ! et son dernier.

174. Ainsi s’écoulait un mois, et la belle Haidée