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de résister. Il eut de l’amour comme vous en auriez pour une jeune bienfaitrice. — Elle en eut aussi, comme cela se voit fort souvent.

168. Et chaque jour, au lever du soleil, — trop tôt pour Juan qui aimait assez à dormir, — elle venait dans la grotte, mais seulement pour voir son oiseau reposer dans son nid ; elle écartait doucement les boucles de ses cheveux, et, sans troubler son repos, elle respirait délicieusement sur ses joues et sur sa bouche, comme le vent du midi sur un lit de roses.

169. Et chaque matin donnait au teint de Juan plus de fraîcheur ; chaque jour avançait sa convalescence. C’était pour le mieux, car la santé donne un grand charme à la figure humaine, et c’est l’aliment du véritable amour ; la santé, l’oisiveté font sur la flamme des passions l’effet de l’huile et de la poudre. N’oublions pas quelques bonnes recettes qu’on peut apprendre de Cérès et de Bacchus, et sans lesquelles Vénus ne nous attaquerait pas long-tems.

170. Tandis que nous livrons notre cœur à Vénus (sans le cœur, l’amour, quoique toujours agréable, perd cependant de son prix), il est bon que Cérès nous présente un plat de vermicelle ; car les amans, étant de chair et de sang, ont besoin d’être soutenus : pour Bacchus ; il emplira de vin notre coupe, ou nous présentera quelque gelée succulente. L’amour compte encore parmi ses alimens les œufs et les huîtres,