Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

et vu l’urgence, par ses gestes plutôt que par ses paroles, la nécessité d’arracher les plats au jeune homme qui avait déterminé sa maîtresse à sortir de son lit pour venir à cette heure sur le rivage. — Elle les ôta de sa portée, et lui refusa un morceau de plus, en disant qu’il avait mangé de quoi rendre un cheval malade.

160. Ensuite, — comme il était nu, à l’exception d’un caleçon à peine décent, — elles se mirent à l’ouvrage, jetèrent au feu ses précédentes guenilles, et à l’instant même lui donnèrent le costume d’un Turc ou d’un Grec, — sans pourtant trop le surcharger, et en omettant le turban, les pantoufles, la dague et les pistolets. — Sauf quelques points d’aiguille, il se trouva parfaitement habillé avec une chemise blanche et de larges hauts-de-chausses.

161. Alors la belle Haidée crut devoir faire usage de sa langue. Juan n’entendait rien, mais il paraissait si attentif que la jeune Grecque, n’étant pas interrompue, ne songeait pas à s’arrêter, et mettait toujours au contraire plus de vivacité dans les paroles qu’elle adressait à son protégé, à son ami. Enfin elle fit une pose pour reprendre haleine, et s’aperçut qu’il ne comprenait pas le romaïque.

162. Elle eut recours aux signes et à la pantomime ; elle sourit, elle fit parler ses yeux ; enfin elle lut les lignes de son charmant visage (le seul livre qu’elle pût comprendre), et la sympathie lui fit