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156. Car nous savons tous que les Anglais se nourrissent de bœuf ; — quant à la bière, j’en dirai peu de chose, parce que c’est simplement une liqueur, et qu’ayant peu de rapport avec mon sujet, elle n’a que faire ici. Ils aiment encore la guerre, nous ne l’ignorons pas ; — plaisir qui, comme tous les plaisirs, — est un peu cher. Tels étaient les Crétois, — d’où je conclus que le bœuf et les combats sont tous deux dus à Pasiphaé.

157. Mais reprenons. Le débile Juan, en se soulevant sur son coude, aperçut, non sans en rendre grâces à Dieu, trois ou quatre objets avec lesquels il n’était plus familier depuis long-tems : car les derniers mets qu’il avait mangés étaient entièrement crus. Et comme il était encore rongé par le vautour de la faim, il se jeta sur tout ce qui lui fut offert avec l’avidité d’un prêtre, d’un goulu, d’un alderman ou d’un loup marin.

158. Il mangea et fut parfaitement servi. Haidée, qui avait pour lui les soins d’une mère, riait en voyant l’extrême appétit de celui qu’elle avait la veille trouvé presque mort ; elle l’eût même laissé manger avec excès, sans Zoé qui, plus âgée qu’Haidée, savait (par tradition, car elle n’avait jamais ouvert un livre) que les hommes affamés ont besoin d’une grande retenue, et doivent être nourris de quelques cuillerées, s’ils ne veulent pas infailliblement crever.

159. Elle prit donc la liberté de faire entendre,