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de prendre quelque nourriture ; surtout un beefsteak.

154. Mais le beefsteak est une chose rare dans ces îles dépourvues de bœufs. On peut y manger facilement du bouc, du chevreau, du mouton ; quand un jour de fête vient à luire pour eux, ils savent bien mettre un gigot à leurs broches barbares, mais cela n’arrive que rarement et dans certains lieux, une partie de ces îles n’offrant que des rochers inhabités. Pour les autres elles sont belles et fertiles, et l’une des plus riches, quoique des moins étendues, était celle dans laquelle Juan se trouvait.

155. J’ai dit que le bœuf y était rare, et je ne puis m’empêcher de croire que la vieille fable du Minotaure — à l’occasion de laquelle nos moralistes modernes, sagement discrets, taxent de mauvais goût une certaine princesse parce qu’elle choisit, pour se masquer, le déguisement d’une génisse[1], — nous apprend simplement (si l’on écarte le voile allégorique) que Pasiphaé, pour doubler le courage des Crétois, favorisa la propagation des bestiaux.

  1. Quæ torvum ligno decepit adultera taurum, Dissortemque utero fetum tulit. (Ovide, liv. VIII.) Mais les diffamateurs de la vertu de Pasiphaé se gardent bien de parler des torts de son mari. Cependant l’indulgent Ovide dit aussi de lui : Jamjam Pasiphaën non est mirabile taurum Præposuisse tibi : tu plus feritatis habebas.