Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée

modernes. Ces jeunes filles étaient donc réellement ce que vous auriez deviné en les voyant, une dame et sa suivante : seulement la première était fille d’un vieillard qui passait sa vie en pleine mer.

125. Dans sa jeunesse il avait été pêcheur, et même il n’avait pas absolument renoncé à la pêche ; mais ses courses sur mer le portaient à s’occuper d’autres spéculations, non pas peut-être aussi recommandables. Un peu de contrebande, quelque piraterie lui assuraient maintenant, sur un million de piastres, les droits de plusieurs possesseurs précédens.

126. C’était donc un pêcheur, — mais un pêcheur d’hommes, à l’exemple de Pierre l’apôtre. — Il allait de tems en tems à la pêche des vaisseaux marchands égarés, et quelquefois il en prenait autant qu’il voulait. Il confisquait la cargaison, ne négligeait rien de ce qu’il espérait débiter dans le marché aux esclaves, et souvent étalait de beaux morceaux dans ce bazar turc, auquel rien n’empêche de s’adonner en pleine sécurité.

127. Il était né Grec ; et sur son île déserte (l’une des plus petites Cyclades) il avait élevé, à l’aide de ses rapines, une fort belle maison, dans laquelle il vivait extrêmement heureux. Le ciel pourrait dire combien d’or il avait volé, combien de sang il avait répandu, car c’était, s’il vous plaît, un triste et vieux bonhomme ; mais ce que je sais, c’est que sa maison était spacieuse et ornée de ciselures, de peintures et de dorures dans le goût des barbares.