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mains. Mais ce qui vous paraîtra sans doute choquant, c’est que ses jolis pieds de neige étaient, sans bas, posés dans des pantoufles.

122. L’autre femme avait un costume de la même forme, quoique moins riche ; les ornemens en étaient plus simples, ses cheveux n’étaient semés que de nœuds d’argent, destinés à lui servir de dot, et son voile de la même longueur était beaucoup moins beau. Son maintien, quoique assuré, avait quelque chose de plus humble ; ses cheveux plus épais étaient moins longs, et ses yeux également noirs étaient plus sémillans et plus petits.

123. Ces deux créatures prodiguaient à Juan leurs soins, et le réconfortaient de nourriture, d’habits, et de ces douces attentions que les femmes seules (je dois l’avouer) devinent bien et savent varier sous mille formes délicates. Elles lui présentèrent une assiette de bouillon, excellent comestible dont parlent rarement les poètes, mais le meilleur qu’on ait inventé depuis le festin que l’Achille d’Homère prépara pour ses hôtes[1].

124. Pour que vous n’alliez pas voir dans notre couple féminin des princesses déguisées, je vous dirai ce qu’elles étaient. Je hais d’ailleurs tout mystère, et tous ces coups de trape si chers à vos poètes

  1. « Sur le feu ardent, Patrocle place trois échines de porc, de mouton et de chèvre, dans un vase d’airain tenu par Automédon. Achille préside à la fête ; c’est lui qui fait les parts et les divise avec adresse. » (Iliade, ch. IX.)