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elles eussent pu servir de modèle à un statuaire (race d’imposteurs après tout ; j’ai vu un grand nombre de femmes réelles qui surpassaient bien la beauté de toutes leurs absurdes pierres idéales).

119. Je veux bien vous dire pourquoi je parle ainsi, car il est juste de ne pas railler sans cause plausible : il existe une dame irlandaise dont je n’ai jamais vu reproduire le buste tel qu’il était, en dépit de tous les essais qu’on en avait fait ; et si jamais elle doit subir les coups du tems et de la nature, ils détruiront le type d’une figure que l’imagination de l’homme n’a jamais devancée, et que les ciseaux mortels n’auront pu atteindre.

120. Telle était encore la dame de la grotte. Son costume, bien différent de celui des Espagnoles, était plus simple et de couleurs moins sévères. Car, vous le savez, les dames espagnoles ne portent jamais hors de chez elles des robes brillantes ; et pourtant quand la basquina et la mantilla flottent autour d’elles (puissent-elles ne jamais les quitter ! ), cet habillement inspire en même tems quelque chose de folâtre et de mystique.

121. Mais il n’en était pas ainsi de notre demoiselle. Sa robe du plus beau tissu, était de couleurs variées, et ses cheveux qui tombaient négligemment en boucles sur son visage étaient semés de nœuds d’or et de pierreries. Sa ceinture était étincelante ; la plus rare dentelle embellissait son voile, et les plus riches diamans jaillissaient de ses charmantes petites