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de jours et de nuits pour lui. Il ne connut même le terme de cet évanouissement qu’à l’instant où il éprouva de la peine dans le pouls et dans les membres, et qu’il entendit ses veines palpiter avec force ; car, bien que vaincue, la mort luttait encore en s’éloignant.

112. Il ouvrait les yeux et les refermait sans avoir rien vu. Tout lui semblait douteux et confus. Il imaginait être encore dans la barque, sortir d’un léger sommeil, et alors son désespoir le reprenait : il appelait la mort dans laquelle il venait de reposer. Enfin, il revint un peu à lui, et ses faibles yeux crurent entrevoir une charmante figure de femme de dix-sept ans.

113. Elle était penchée sur lui, et sa petite bouche paraissait chercher dans la sienne s’il respirait encore. À force de le toucher, la douce chaleur de ses mains ranima ses sens dociles ; elle mouilla ses tempes glacées, afin d’inviter le pouls à circuler plus aisément : enfin ses soins inquiets obtinrent leur récompense, et un soupir de Juan répondit à son tact délicieux.

114. Alors elle lui donna une liqueur cordiale, et enveloppa dans un manteau ses membres presque nus. Son beau bras souleva la tête languissante du jeune naufragé dont elle appuya le pâle front sur ses joues si belles, si fraîches, si transparentes ! Puis elle tordit ses cheveux dont la tempête avait humecté les boucles, épiant toujours avec inquiétude chaque mouvement que faisait le malade en poussant un soupir — en même tems qu’elle.