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eux. Bientôt même un rescif leur présenta sa tête entourée d’une écume bouillonnante ; n’apercevant pas de direction plus commode pour gagner terre, ils avancèrent encore et la barque fut submergée.

105. Mais Juan avait l’habitude de baigner ses jeunes membres dans les eaux natales du Guadalquivir ; il avait même souvent mis à profit le talent de nager qu’il avait acquis dans ce beau fleuve. Vous auriez difficilement trouvé un meilleur nageur, et peut-être aurait-il pu passer l’Hellespont comme une fois (ce qui nous rendit assez fiers) Léandre, M. Ekenhead et moi, l’avons fait[1].

106. Ainsi, tout faible et tout maigre qu’il était, il souleva ses jeunes membres et tenta de suivre la vague rapide pour gagner avant la nuit la plage aride qui s’élevait devant lui. Le plus grand danger pour lui venait d’un goulu qui saisit par la jambe un de ses compagnons. Quant aux deux autres, ils ne savaient pas nager. Lui donc fut le seul qui atteignit au rivage.

107. Il n’y serait pourtant pas arrivé sans la rame qui, pour son bonheur, se détacha et vint toucher sa main, justement quand ses faibles bras étaient épuisés et que la mer allait l’engloutir. Il s’y cramponna ; les vagues battirent avec violence, et à force de nager, plonger et reparaître, il vint enfin rouler sur la plage, presque sans vie.

  1. Voyez la Vie de Lord Byron.