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Dieu soit faite. » Et sans une larme ou soupir, il vit jeter son corps à la mer.

88. Le second père avait un fils plus faible, aux joues décolorées, au maintien délicat. Ce jeune homme résista long-tems, et se roidit contre sa destinée, avec une patiente tranquillité d’esprit. Il parlait peu, et de tems en tems il souriait, pour alléger le poids des mortelles pensées, qui oppressaient d’autant plus le cœur de son père, qu’il voyait son fils les supporter comme lui.

89. Penché sur son corps, le père ne levait pas les yeux de dessus son visage ; il essuyait l’écume qui couvrait ses lèvres, et n’avait d’attention que pour lui. Quand la pluie tant désirée vint enfin à tomber, et que les yeux de l’enfant déjà demi-voilés d’une membrane épaisse vinrent à briller et à remuer pour un instant, il exprima quelques gouttes de pluie dans sa bouche expirante. — Ce fut en vain.

90. L’enfant mourut. — Le père demeura long-tems attaché sur son corps : mais enfin, quand la mort se montra à découvert, et que le poids insensible pressé contre son cœur ne lui donna plus de mouvement ni d’espérance, il ne le perdit pas des yeux, jusqu’au moment où une vague impitoyable éloigna le corps du lieu d’où il avait été jeté. Alors il tomba lui-même roide et glacé, ne donnant plus d’autre signe de vie que l’agitation convulsive de ses jambes.

91. Maintenant un arc-en-ciel perçant les nuages diaphanes vint mesurer la sombre mer, et poser sa