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70. Le quatrième jour vint, mais non pas un souffle d’air. L’Océan dormait encore comme un enfant non sevré. Le cinquième jour trouva encore leur barque sur les flots ; la mer, le ciel, tout était bleu, clair et serein. — Que faire avec une seule rame (je voudrais au moins qu’ils en eussent deux) ? La rage de la faim se fit sentir : et en dépit de ses prières, Juan vit son chien tué et partagé pour satisfaire au présent appétit.

71. Le sixième jour, ils en mangèrent la peau ; et Juan qui avait d’abord refusé sa part, parce que la bête morte venait de son père, Juan, ayant maintenant les dents d’un vautour, reçut comme une grande faveur, et non sans quelque remords, l’une des pattes de devant du pauvre animal. Il en donna la moitié à Pédrillo, que celui-ci dévora, en soupirant après le reste.

71. Le septième jour, pas de vent encore. — Le soleil ardent les suçait et les rôtissait. Immobiles sur la mer, on les eût pris pour des carcasses inanimées ; ils n’espéraient que dans la brise, et la brise ne venait pas. — Ils se regardaient l’un l’autre d’un air sauvage. — Ils n’avaient plus d’eau, plus de vin, plus de nourriture. — Dans leurs regards avides (bien qu’ils ne parlent pas), vous concevez déjà les désirs de cannibale qu’ils éprouvent.

73. À la fin, l’un deux parla bas à son voisin, celui-ci parla bas à un autre, et le mot fit ainsi le tour de la barque. Bientôt il se convertit en un sourd