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qui mette obstacle à la vieillesse, et qui donne aux misères de l’homme une rapidité alarmante[1].

65. Ceux qui possèdent des rentes viagères vivent, dit-on, plus long-tems que les autres. — Dieu sait pourquoi, sinon pour tourmenter leurs débiteurs. — Cela est même si vrai qu’il en est quelques-uns, j’en suis persuadé, qui ne meurent jamais. De tous les créanciers, le plus redoutable est un juif, et ces gens-là ne vous prêtent que sous de telles conditions. Ils m’ont avancé, dans ma jeunesse, une somme que je trouve fort insupportable de rembourser encore.

66. Il en est de même des hommes qui naviguent dans une barque à découvert ; ils vivent par amour de la vie, supportant plus de maux qu’on ne pourrait le croire ou le penser, et résistant comme un rocher à tous les efforts de la tempête. La témérité a toujours été le partage du marin, depuis que l’arche de Noé s’est imaginé de voguer çà et là. — Elle devait contenir un équipage et un assortiment curieux[2],

  1. M. P. n’a pas rendu l’épithète sublime alarming ; il l’a regardée comme oisive. En récompense il a inventé, dans cette strophe, la faux du trépas, les amis qui viennent assommer de leur douleur le malade ; lesquels aiment mieux se flatter, etc.
  2. Voici la disposition toute simple de cette arche, comme on peut le lire dans une traduction d’Orose, du quinzième siècle. « En ceste arche, dist Nostre Seigneur, tu feras six mansions ; la celle d’en bas sera comme celle d’ung navire ; au-dessus il aura ung sollier couvert, et sur le sollier seront cinq chambres. L’une servira pour mettre le mengier et viande de ceulx qui seront en l’arche ; l’autre servira de chambre secrette pour faire ses nécessités. Des troys antres, qui seront ung peu plus hault, la celle du parmi sera où les hommes et les femmes feront leur résidence ; en l’autre seront les bestes domestiques et privées, et en la tierce les bestes cruelles, indomables et sauvages. »