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l’avant du vaisseau. Deux barques seules n’auraient pu sauver la moitié de l’équipage, comment auraient-elles contenu assez de provisions ?

49. On était au crépuscule ; le jour sans soleil s’abaissait sur le gouffre des eaux. Semblable à un voile qui, s’il était détaché, ne découvrirait que le front d’un ennemi implacable, la nuit s’étendait autour d’eux et brunissait hideusement leurs pâles traits, et leurs yeux attachés sans espoir sur l’immensité profonde. Depuis douze jours la terreur était à leur côté, maintenant c’est la mort.

50. Quelques-uns avaient essayé de faire un radeau, sans en espérer beaucoup sur une mer aussi agitée. C’était une tentative dont on n’aurait pas manqué de rire si l’on avait pu concevoir alors d’autres éclats que ceux de gens qui s’étourdissent et ont une espèce de gaîté horrible et sauvage, moitié épileptique, moitié hystérique. — Il fallait un miracle pour les sauver.

51. À huit heures et demie, poutres, planches, poulaillers, tout, dans l’attente d’un accident, avait été distribué aux courageux matelots, pour les soutenir sur les vagues, et leur donner les moyens de lutter encore quoique assez inutilement : il n’y avait nulle autre lumière que celle de quelques étoiles dans le ciel, quand ils détachèrent les barques surchargées de monde. Le vaisseau se courba, fit un saut, et retombant la tête la première — s’engouffra.

52. C’est alors que de la mer au ciel retentit le