Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

retenir les chaloupes, bien convaincus qu’une barque étroitement attachée se maintiendrait sur une mer furieuse, si le vent ne tombait directement sur elle.

46. Mais ce qu’il y avait de pis, après plusieurs jours de transes mortelles, c’est qu’il leur était difficile de conserver assez de victuailles pour les soutenir maintenant dans leur détresse. Les hommes, même à leurs derniers momens, redoutent l’inanition ; le mauvais tems endommageait leurs provisions, ils n’avaient que deux caisses de biscuits et une barrique de beurre susceptibles d’être transportées dans le cutter[1].

47. Ils parvinrent à transporter dans la grande chaloupe quelques livres de pain gâté par l’humidité ; un tonneau d’eau d’environ vingt gallons[2] et six flasques de vin[3]. Ils remontèrent une partie de leur bœuf qu’ils réunirent à un morceau de jambon, mais le tout n’eût pas fait une bouchée pour chacun d’eux. — Ajoutez un tonneau qui renfermait encore huit gallons de rum.

48. Les autres barques, l’esquif et la pinasse, avaient été coulés dans le commencement du vent. La grande chaloupe n’en valait guère mieux, ayant pour voiles deux couvertures, et pour mât un aviron que par bonheur un petit mousse avait jeté sur

  1. Espèce de canot.
  2. Le gallon contient près d’un litre.
  3. Muid florentin, fiasco.