Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais que pouvait-on espérer avec une voie d’eau, et pas une baguette de mât, pas une bribe de toile ? Mieux vaut cependant lutter jusqu’au dernier moment ; il n’est jamais trop tard pour se noyer : et quoiqu’il soit bien vrai qu’on ne souffre la mort qu’une fois, elle est loin d’être séduisante dans le golfe de Lyon.

40. C’était là en effet que le vent et les vagues les avaient poussés ; c’était de là que l’un et l’autre les emportaient sans que personne songeât à modérer leur impulsion : il était fort inutile de tenter de conduire le bâtiment. Ils n’avaient pas eu jusqu’alors un jour assez tranquille pour replacer ou seulement commencer un mât de ressource et un gouvernail, ou pour oser même assurer que dans une heure ils verraient surnager le vaisseau qui, par bonheur, nageait encore — non pas, il est vrai, aussi bien qu’un canard.

41. Le vent peut-être était moins violent, mais le vaisseau était si délabré qu’on pouvait à peine espérer d’avancer un pas de plus. Pour surcroît de détresse, ils n’avaient plus d’eau douce, et les mets solides diminuaient sensiblement ; vainement consultaient-ils le télescope. — Nul vaisseau, nul rivage, partout la mer furieuse et la nuit tombante.

42. Une seconde tempête les menaçait. — Un second vent frais souffla, et l’eau entra par les deux extrémités du fond de cale. Mais bien que tout l’équipage pût voir ce qui se passait, le plus grand