Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

jeunesse est un trésor chimique que j’ai de trop bonne heure éventé en fatiguant mon cœur de passions, et ma tête de rimes.

218. À quoi se réduit la gloire ? à tenir une certaine place sur un léger papier. Quelques gens la comparent à l’action de gravir une hauteur dont le sommet, comme celui de toutes les montagnes, s’évanouit en vapeur. C’est pour elle que les hommes écrivent, parlent, déclament ; que les héros massacrent, que les poètes consument ce qu’ils appellent leur « lampe nocturne. » C’est afin d’obtenir, quand ils seront poussière, un nom, un misérable portrait, un buste pire encore.

219. Quel est l’espoir des mortels ? Un ancien roi d’Égypte, Chéops, érigea la première et la plus haute des pyramides, dans la ferme espérance qu’elle conserverait le souvenir de sa vie et qu’elle déroberait à tous les yeux son cadavre ; mais un inconnu en fouillant brisa le couvercle de son tombeau. Fondez maintenant, vous ou moi, quelque espérance sur un sépulcre, quand il ne reste pas de Chéops un grain de poussière !

220. Pour moi, amant de la vraie philosophie, je me dis bien souvent à moi-même : « Hélas ! tout ce qui est né naquit pour mourir : la chair est une herbe que la mort vient convertir en foin. Votre jeunesse n’a pas été sans attraits, et si vous l’aviez encore — elle s’écoulerait. — Ainsi rendez grâces à votre étoile de n’avoir pas à vous plaindre davantage ;