Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ces objets ? non, ils n’étaient pas en eux, mais dans cette puissance de ton ame qui doublait jusqu’au parfum des fleurs.

215. Jamais, — jamais à l’avenir, ô mon cœur, tu ne seras mon seul monde, mon univers ! Autrefois je n’existais que par toi, aujourd’hui tu formes un être à part, et tu ne peux plus être mon paradis ou mon enfer. Les illusions ont disparu, tu es devenu insensible, mais ce n’est pas un malheur ; j’ai pris à ta place une dose de jugement, quoique Dieu seul connaisse comment il a pu entrer chez moi.

216. Mes jours de tendresse sont passés ; jamais les charmes d’une vierge[1], d’une épouse et moins encore d’une veuve ne me feront délirer comme autrefois. Il faut, en un mot, changer mon train de vie. Je n’ai plus l’espoir d’une mutuelle sympathie ; l’usage fréquent du vin m’est défendu ; ainsi, me résignant à quelque vice de vieille tête, je suis d’avis de me jeter dans l’avarice.

217. L’ambition était mon idole, mais elle fut brisée sur l’autel de la douleur et du plaisir ; ceux-ci ont laissé chez moi des traces qui peuvent donner matière à amples réflexions. Aujourd’hui, comme la tête de bronze de frère Bacon, je m’écrie : « Le tems est, le tems fut, le tems n’est plus. » La brillante

  1. Me nec femina, nec puer,
    Jam nec spes animi credula mutui,
    Nec certare juval mero ;
    Nec vincire novis tempora floribus.