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des plaisirs de la campagne. Doux sont pour l’avare les monceaux d’or, et pour un père la naissance de son premier né. Douce est la vengeance, — surtout pour les femmes ; le pillage, pour les soldats, les prises d’argent pour les gens de mer.

125. Doux est un legs, douce surtout la mort imprévue d’une vieille dame ou d’un personnage de soixante-dix ans accomplis qui nous faisait, « nous jeunes », attendre mille fois trop long-tems son train, son or, ou ses propriétés. Il se plaignait toujours, mais son corps était si robuste que tous les Israélites furieux voulaient mettre en pièces ses héritiers pour leurs maudites créances après décès.

126. Il est doux de cueillir des lauriers, soit avec l’épée, soit avec la plume. Il est doux de terminer une dispute ; il est doux d’en faire naître une avec un ami ennuyeux. Doux est le vin vieux en bouteille, et l’ale en barrique ; douce est pour nous la créature faible que nous défendons contre tout le monde ; doux enfin le collége que nous n’oublions jamais, et qui nous oublie si promptement.

127. Mais mille fois plus doux encore que tout cela, est le premier et brûlant amour. — Seul il reste gravé dans notre ame, comme dans celle d’Adam le souvenir du Paradis terrestre. Quand l’arbre de la science a été ébranlé et que tout est connu, la vie n’offre plus rien de comparable à cette ambroisiale faute, que sans doute la fable a voulu peindre par le feu ravi des cieux par le téméraire Prométhée.