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d’une beauté, d’un charme si profond, pénètre aussi notre cœur, et le jette dans une tendre langueur, bien éloignée d’être le repos[1].

115. Julia était assise près de Juan, à demi embrassée, et écartant à demi ses bras amoureux, qui tremblaient comme le sein sur lequel ils reposaient : cependant elle pouvait croire encore qu’il n’y avait pas de danger, et qu’il était facile de débarrasser sa taille ; mais alors la position avait ses charmes, alors, — Dieu sait le reste ; je ne m’y arrêterai pas ; je suis même presque fâché d’en avoir commencé le récit.

116. O Platon ! Platon ! c’est avec tes suppositions erronées, c’est par cet empire imaginaire que ton système nous accorde sur les penchans les plus impétueux du cœur, que tu as ouvert une route plus immorale que ne le firent jamais poètes ou romanciers. — Tu es un niais, un sot, un charlatan, — et l’on ne doit tout au plus te prendre que pour un entremetteur[2].

117. La voix de Julia s’éteignit ou se perdit en soupirs, jusqu’au moment où tous les discours auraient été inutiles ; ses beaux yeux étaient noyés dans les larmes. Pourquoi ne coulaient-elles pas sans

  1. J’ai traduit mot à mot. M. A. P. a cru devoir paraphraser ainsi l’idée de Byron : « Cette lumière pénètre dans le cœur, et y répand une amoureuse langueur qui n’est pas le calme de l’indifférence. »
  2. M. A. P. traduit ce dernier vers : « Pendant ta vie tu as été tout au plus un entremetteur d’intrigues amoureuses. » Il ne s’agit pas ici de la conduite de Platon, mais de l’influence de ses écrits.