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109. Julia avait de l’honneur, de la vertu, de la fidélité ; elle aimait Don Alphonso ; elle formait intérieurement tous les sermens qu’on adresse d’ici-bas aux divinités de là-haut, de ne jamais souiller l’anneau qu’elle portait, et de ne former aucun souhait qui fût contraire à la sagesse : tout en mûrissant ces résolutions, et d’autres encore plus vertueuses, l’une de ses mains était appuyée languissamment sur celle de Juan : uniquement par erreur ; elle croyait ne toucher que la sienne propre.

110. Insensiblement elle s’appuya sur l’autre main de Juan, qui jouait dans les tresses de ses cheveux ; son attitude distraite semblait indiquer qu’elle luttait avec des pensées qu’elle ne pouvait étouffer. Certainement, la mère de Juan avait bien tort, après avoir tant surveillé son fils pendant plusieurs années, de laisser ensemble ce couple imprudent. Je suis sûr que ma mère en eût agi tout autrement[1].

111. Peu à peu la main qui tenait encore celle de Juan confirma doucement, mais d’une manière sensible, la pression qu’elle recevait ; elle semblait dire : « Retenez-moi si vous voulez. » Cependant elle ne voulait presser les doigts de Juan que d’une étreinte platonique ; elle les eût lâchés comme une couleuvre ou un crapaud, si elle eût imaginé qu’un semblable mouvement pouvait faire naître des sentimens dangereux pour une épouse prudente.

112. Je ne sais pas ce qu’en pensait Juan, mais

  1. M. A. P. a oublié de traduire cette jolie strophe.