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93. La vraie sagesse peut voir, dans les pensées de cette espèce, une noble curiosité et une avidité sublime dont quelques-uns apportent le germe en naissant ; mais la plupart ont appris à s’en troubler l’esprit, on ne sait pourquoi. Il était étonnant qu’une si jeune tête pût se soucier de la marche du firmament ; mais si, selon vous, la philosophie l’inspirait alors, elle fut bientôt, selon moi, secondée par la voix de la puberté.

94. Il s’occupait des feuilles et des fleurs. Il entendait une voix dans tous les vents ; alors il pensait aux nymphes des bois, aux ombrages sacrés, au tems où les déesses se montraient aux hommes. Il oubliait son chemin aussi bien que les heures, et quand il interrogeait sa montre, il s’apercevait que le vieux Saturne avait beaucoup gagné, — et que pour lui, il avait perdu son dîner.

95. Quelquefois il revenait à ses livres, Boscan ou Garcilasso. — Mais comme le vent fait parfois trembler les pages que nous lisons, ainsi, l’imagination venait agiter son ame au milieu de sa lecture mystique : on eût dit que les magiciens dirigeaient sur lui leurs enchantemens, et qu’ils chargeaient le vent de les lui porter, comme dans quelques contes de bonnes vieilles femmes.

96. C’est ainsi qu’il passait les heures dans la solitude ; toujours triste et toujours ignorant ce qui lui manquait. Les tendres rêveries, les chants des poètes, ne pouvaient lui offrir ce dont il avait réellement