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celui de son époux, de son honneur, de sa gloire, de sa religion, de sa vertu. Il y avait vraiment de la grandeur d’ame dans ces projets, et ils auraient attendri un Tarquin. Elle implora les grâces de la vierge Marie, comme de celle qui se connaissait le mieux aux cas féminins.

76. Elle fit vœu de ne plus voir Juan, et le jour suivant elle rendit à sa mère une visite. Ses regards se portèrent vivement sur la porte quand elle s’ouvrit ; grâces à la Vierge, c’était un autre qui entrait. Elle en remercia Marie, non pourtant sans quelque tristesse. — On ouvre encore, ce ne peut être que lui ; c’est sans doute Juan ? — Non ! J’ai peur que la nuit suivante on ait oublié de prier la sainte Vierge.

77. Maintenant elle trouve plus convenable à une femme vertueuse de lutter en face contre les tentations ; la fuite lui semble un expédient honteux et inutile. Nul ne pourra jamais produire la moindre sensation sur son cœur ; c’est-à-dire quelque chose au-delà de ce sentiment de préférence ordinaire, qu’inspirent toujours certaines personnes plus aimables que les autres ; mais alors on suppose qu’ils sont simplement des frères.

78. Et si, même par hasard (que sait-on ? le diable est bien fin), elle découvrait que tout en elle n’est pas absolument calme ; si, libre encore, tel ou tel amant venait à lui plaire, une femme vertueuse réprime de telles idées, il est plus beau pour elle de savoir les gouverner. Mais si l’on demande ? il suffit