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et son regard avait une tristesse bien plus douce que son sourire ; il semblait dire que son ame brûlante nourrissait mille pensées qu’elle ne pouvait avouer, mais qu’elle chérissait à mesure qu’elles y étaient plus comprimées. L’innocence elle-même a ses ruses ; elle n’ose mettre dans ses aveux une entière franchise, et le premier maître de l’amour c’est l’hypocrisie.

73. Mais c’est en vain que la passion s’entoure d’obscurité, elle finit par se trahir. Semblable aux sombres nuages qui présagent une tempête affreuse, la discrétion de ses yeux signale ses sentimens intimes. On aperçoit de l’hypocrisie dans tous ses mouvemens ; et la froideur, la colère, le dédain ou la haine, sont des masques dont elle se couvre bien souvent, et cependant toujours trop tard.

74. Ils en vinrent bientôt aux soupirs, et la résistance les rendit plus profonds ; aux œillades, plus délicieuses parce qu’elles étaient dérobées. Leurs joues brûlantes se colorèrent quand leur cœur ne pouvait rien se reprocher encore. À son arrivée on éprouvait de l’émotion ; à son départ, de l’inquiétude, et tout cela était autant de légers préludes à la possession, que les jeunes amans ne peuvent éviter, et qui servent seulement à prouver que l’amour est fort embarrassé pour s’introduire chez un novice.

75. Pauvre Julia ! son cœur était dans une situation désespérée ; elle sentit qu’il s’en allait, et résolut de faire la plus noble résistance pour son bien et