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être fort chéri, n’était pas non plus détesté. Ils vivaient ensemble comme le plus grand nombre, supportant d’un commun accord leurs mutuels défauts, et n’étant exactement ni un ni deux. Cependant, Alphonso était jaloux, mais il se gardait de le paraître ; car la jalousie tremble toujours qu’on ne la reconnaisse.

66. Julia était, — je n’ai jamais su pourquoi, — l’amie intime de Donna Inès. Il y avait peu de rapports dans leurs goûts, car Julia n’avait jamais écrit une ligne. Aucuns disent (sans doute ils mentent, car la méchanceté veut tout expliquer) qu’Inès, avant le mariage de Don Alphonse, avait oublié avec lui quelque chose de sa vertu habituelle ;

67. Et que, conservant cette ancienne connaissance, dont le tems avait bien purifié les sentimens, elle avait témoigné la même affection à l’épouse d’Alphonso : certainement elle ne pouvait mieux faire. Elle flattait Julia en lui accordant sa sage protection, et elle faisait l’éloge du bon goût d’Alphonso. De cette manière, si elle ne faisait pas taire la médisance (chose impossible), au moins rendait-elle ses coups moins redoutables.

68. Je ne raconterai pas comment Julia vit l’affaire, par les yeux du monde ou par les siens propres : on ne peut le deviner ; du moins elle ne le laissa pas soupçonner : peut-être ne sut-elle rien, ou ne s’en embarrassa-t-elle pas, soit par indifférence ou par habitude. Je ne sais vraiment qu’en dire et